C'est la question que j'ai posée aux vétérinaires et ASV dans le cadre de ma thèse. Étonnamment, 1/3 des répondants ont affirmé n'en avoir commis aucune.
Pourtant, selon les ergonomes, nous ferions entre 3 et 7 erreurs par heure, et ce quel que soit notre domaine d'activité ou notre niveau d'expertise. Et c'est sans compter le stress, la fatigue, les situations complexes ni toutes les autres menaces qui augmentent encore ce risque. En médecine humaine, des études observationnelles ont révélé un moyenne de 1,7 erreur par patient et par jour.
Alors comment expliquer cette sous-déclaration dans mon enquête ?
Notre cerveau a tendance à "gommer" les erreurs. Dans la majorité des cas, nous les détectons et les corrigeons spontanément. L’erreur est assimilée à un "non-événement" et ne laisse pas de trace durable dans notre mémoire. Il est donc normal de ne pas se rappeler de toutes ses erreurs !
D’autre part, nos idées préconçues sur les erreurs brouillent notre perception. Certains vétérinaires considèrent que les erreurs rattrapées ou sans conséquences graves ne sont pas de vraies erreurs. Dans le langage courant, l'erreur est souvent synonyme d'échec si bien que ce que s'il n'y a pas de conséquences... alors il n'y aurait pas d'erreur ! En confondant l’erreur et l’événement indésirable, une grande partie de nos erreurs passe donc sous le radar.
Le terme d’erreur médicale n’a pas de définition consensuelle. Ni le droit, ni les institutions ne l’ont définit. Dans la littérature, on en trouve une vingtaine de définitions. La plus fréquemment citée est celle de James Reason, psychologue de profession et père d’un modèle d’accidents encore aujourd’hui très utilisé. Selon lui, les erreurs sont des : « séquences planifiées d'activités mentales ou physiques qui ne parviennent pas à atteindre l'objectif désiré, quand ces échecs ne peuvent être attribués à l'intervention du hasard. »
Autrement dit, en simplifiant un peu, l’erreur est un écart cognitif involontaire entre l’objectif et le résultat qui n’est pas lié au hasard.
L’erreur ne se définit donc pas en fonction de si elle a atteint ou non le patient, mais en fonction de l’objectif de notre action.